Je viens de finir de lire le chapitre 6 du livre La perspective du possible de Guéguenne et Jeanpierre, intitulé « Du genre utopique aux réalités des utopies », pour mon cours qui commencera en septembre. Je sais, je suis en avance, mais ça va libérer du temps pour d’autres lectures, et du temps, on en a jamais trop!
Ce chapitre démontre comment l’utopie, longtemps limitée au domaine littéraire ou au rêve politique, peut devenir une force d’action concrète. Les auteurs la considèrent comme un moteur capable d’ouvrir des possibles et d’inspirer des changements réels, ici et maintenant.
À la fin de ma lecture, je me suis demandé pourquoi, alors que ce potentiel d’action positif existe, nous semblons si souvent faire l’inverse, et plus que jamais de nos jours: nos gouvernements choisissent de prendre des décisions collectives qui nous enferment plutôt qu’elles ne nous émancipent. Je ne suis pas une experte en politique, celle-ci m’échappe souvent, avec ses alliances de coulisses et ses discours compassés, surtout quand rien ne semble aller dans le sens des mots utilisés. C’est pour cette raison que je ne me prononce pas sur les événements actuels, trop de détails m’échappent pour argumenter correctement, mais je sais, comme beaucoup, que ça ne va pas. Je suis définitivement convaincue que le partage et l’entraide sont de meilleurs atouts que la peur de l’autre et le chacun pour soi. Peut-être suis-je, sans grand bagage théorique, une socialiste un peu desperado à la Étienne Lanthier dans Germinal : solidaire, indignée par l’injustice, et persuadée qu’on ne bâtit rien de durable sur l’écrasement des plus vulnérables, oui, c’est tout moi, ça, la madame Castro de mon Who’s who… oui, j’aime mieux ça que le sobriquet de Mère Teresa qu’on m’a déjà servi!
Mais il semble bien que c’est là que nos politiciens nous dirigent, vers une société plus divisée et inégalitaire, où l’intérêt collectif est relégué derrière des calculs partisans et des intérêts privés.
Alors voilà, mes idéaux et moi sommes top utopiques aux yeux de ces gens d’affaires, car c’est bien tout ce qu’ils semblent être, des comptables occupés à remplir leurs propres portefeuilles alors que le commun des mortels, à qui ils doivent leurs postes, doivent se serrer la ceinture à tour de bras. Et les nouvelles voix ne proposent pas mieux, parfois même pire, malheureusement!
Je ne crois pas qu’il faille une utopie parfaite pour améliorer nos conditions collectives. Pas besoin d’une cité idéale prévue dans ses moindres détails. Il suffirait, je crois, que tous ceux qui sont élus et rémunérés pour ça, fassent correctement ce qu’il y a faire, soit anticiper les besoins de logements quand on augmente l’immigration, s’assurer que le prix de ces logements demeurent dans une fourchette acceptable, prévoir des infrastructures de santé et d’éducation sur vingt ans, protéger l’intérêt collectif même si cela coûte quelques points de popularité et respecter les balises que nous nous sommes nous-mêmes données en matière de droits de la personne et des droits internationaux, dont le droit d’asile à toute personne qui fuit un pays où sa vie est en danger et le devoir de protéger ces gens (Convention de Genève, 1951 entre autres), ça me semble pourtant si simple… Je sais, il y a beaucoup plus que ça, mais ce serait un bon début!
Il ne s’agit pas de vouloir vivre selon L’Utopie de Thomas More, qui on se souviendra, critiquait son roi en 1516, mais plus simplement de tenir des engagements élémentaires dans une société dite démocratique, et pour y parvenir il suffirait de planifier, d’agir avec courage, et de persévérer…
Quand on aura des politiciens qui feront leur job, sans interventions lobbyistes, tout ira beaucoup mieux… mais je ne sais pas quand ça arrivera…
C’est peut être ça, l’utopie, attendre après un miracle qui ne devrait pas en être un…
Bibliographie
Guéguen, Haus et Laurent Jenpierre, “Du genre utopique aux réalités des utopies”, La perspective du possible, Paris, La découverte, 2022, p.171-200.
More, Thomas, L’Utopie, Paris, Librio, 2023 [1516], 125 p.