Les devoirs de Catherine Clair
Catherine Clair suggère… des exercices d’écriture inspirés de textes lus récemment et moins récemment ici même!
… pis comme mon imaginaire est toute tournée vers utopies/Volodine/Âge de fer, tout va mal youppie, je me prends au jeu et j’y vais pour une quinte flush royale et vous offre la totale… Je ne fais rien à moitié!
#1. Choisis une décision majeure de ta vie et écris 3 lignes sur la version de toi qui a choisi l’exact opposé.
Si je ne l’avais pas revu, je poursuivrais peut-être la vieille danse du TPL : l’impulsion, la fuite, l’éclat et l’effondrement.
Lui n’a pas comblé mes manques, il m’a confrontée. Parfois durement, parfois en silence, en me laissant seule au milieu de mes propres remous.
Par moments, j’ai l’impression d’avoir commencé à travailler en thérapie pour éviter qu’il ne disparaisse, ou peut-être juste pour réussir à rester présente face à lui, sans que la folie, carapace dérisoire, ne se montre.
Cette tension a été un moteur. Pas une guérison miraculeuse, mais un retournement nécessaire.
Ok, c’est plus que trois lignes, mais … je ne fais rien à moitié, des fois, je fais en double.
#2. Laisse parler les 150 voix de ta tête sur ce que “s’amuser” veut vraiment dire pour toi (et pour elles).
Elles ne seront pas 150… j’en ai viré au moins 138… celles qui manquent sont actuellement en vacances très loin, injoignables même par texto!
La téméraire :
S’amuser ? Facile. On sort, on fait des conneries, on boit, on fume, on sniff, on couche, la défonce totale, on survit de justesse. Le classique.
La survivante :
Génial. Et on recommence l’hôpital psychiatrique après ? Non merci, je passe.
La cynique :
S’amuser, c’est juste une façon polie de dire “se distraire avant l’inévitable”. On va tous mourir quand même.
Allez, on enchaîne.
La gamine :
Moi je veux juste courir, crier, faire des anges dans la neige, embrasser mon chien. Mais bon, on me laisse jamais conduire.
La fatiguée :
S’amuser… c’est quoi, déjà ? Je suis épuisée rien qu’à vous entendre. On pourrait pas juste … dormir, tsé?
La séductrice :
Je ne vois pas l’intérêt de s’amuser si personne ne nous regarde. Franchement, il y a trop de femmes ici! Quelle perte de maquillage et de dessous de dentelles, si je ne suis pas vraiment la plus belle…
La sage :
C’est fou comme vous confondez encore plaisir et chaos. Mais continuez, je prends des notes.
La borderline d’autrefois :
S’amuser, c’était se foutre en morceaux en espérant que quelqu’un ramasse les restes et s’accrocher à celui-là comme une naufragée à une bouée
(mais ça, personne veut l’admettre)
La comptable interne :
Et tout ça va coûter combien en regrets demain matin ?
Juste pour planifier.
La minuscule, voix timide mais bien placée :
Je dis ça comme ça… mais s’amuser pourrait aussi être simple.
Du genre : être là, respirer, ne pas s’autodétruire.
Oui, je sais, super concept révolutionnaire :)
#3. Prends un vieux texte à toi et change radicalement la fin : tue, ressuscite, trahit, rends heureux.se : tout est permis.
J’ai retravaillé un texte récent que j’ai beaucoup aimé écrire, pensé au départ comme une manière féministe de renverser le regard patriarcal. Si vous n’avez pas lu Trompe-l’œil, commencez par là.
J’en ai tiré une version complètement différente, plus sombre, plus décalée, qui, je crois, vaut vraiment le détour. Mais c’est très très sombre…
Elle s’intitule Faux-semblant.
C’est un texte assez long, alors je lui ai réservé sa propre page.


