Lecture d'automne
Quoi de mieux qu'un bon bouquin pour traverser les mois difficiles à supporter?? Un bon café le matin, peut-être? Et encore...
J'ai des lectures qui sont dans l'air du temps, en ce moment. Je veux dire par là que ce sont des lectures que je trouve difficiles. De plus, je lis beaucoup en anglais 'because' la commodité que m'offre la bibliothèque personnelle de l'Homme. Pas besoin de me déplacer ou d'attendre une livraison, tout est là, à portée de la main. Le plus loin où je dois me rendre est le sous-sol, où des caisses pleines à craquer de livres s'ennuient dans la pénombre. Par contre, ça rend parfois mes lectures encore plus ardues (pas d'aller au sous-sol, mais de les lire en anglais!!! ;-)), mais j'ai un plaisir fou à interrompre mon dictionnaire vivant pour une explication de phrase bizarrement construite ou un synonyme plus commun d'un mot qui m'est totalement inconnu.
Je viens de terminer 'L'Aveuglement'('Blindness'), de Saramago. Avant ça, j'ai lu 'Birdsong' ('Les chemins de feu') de Sebastian Faulks, et depuis quelques jours, je suis plongée dans 'The Master of Petersburg' ('Le maître de Petersbourg') de J. M. Coeztee. Si vous connaissez ces titres, vous comprendrez pourquoi je ris de moi-même avec mes tendances dépressives automnales!! Comme si j'essayais de m'aider, tiens!!!
Quelques mots sur eux...
'L'Aveuglement' fait l'objet de plusieurs articles de critiques, de plusieurs billets de blogues, et cependant, ce que je m'attendais à trouver n'y est dans aucun. Ce que moi j'y ai 'vu', ressenti, n'est repris nulle part... Peut-être que j'ai tout faux alors, mais tant pis, je vous le partage quand même!
J'y ai perçu notre état actuel, tout bêtement. L'aveuglement généralisé de tout un monde, le monde occidental, qui croit voir, mais qui ne 'voit' que ce qu'il ressent au bout de ses doigts, dans son estomac, finalement son bien-être ou son mal-être matériel. Un état généralisé d'apathie, de je m'en-foutisme, qui l'empêche de vraiment prendre conscience de ce qui 'est' pour le reste de l'humanité. La seule femme ayant conservé l'usage de ses yeux me semble démontrer que la conscience d'un seul, ayant perçé une vérité cachée, est un gage d'espoir pour la sauvegarde de ce qu'il y a de plus en l'humain que son être matériel, cette étincelle demeurée vivante en une seule, qui peut faire que, soudainement, tout change et que les yeux s'ouvrent à nouveau sur la laideur réelle qui nous entoure. Joyeux,non??? Oui, c'est un livre dur, sans pitié, ni dans sa forme, ni dans son contenu, mais c'est un livre à lire et à mettre à coté du 'Procès' ou de la 'Peste' dans la liste des oeuvres dénonciatrices d'un certain état social.
'Birdsong' est un volume de moindre envergure, mais dont la thématique n'en est cependant pas moins difficile, ni moins dénonciatrice. En toile de fond, l'Europe de la Première Guerre Mondiale et en filigrane, une histoire d'amour fou et impossible qui s'étend de 1910 à la fin de cette guerre. Une jeune femme découvre les journaux intimes de son grand-père, soldat de l'armée britannique, et entreprend une remontée dans le temps afin de reconstituer le passé de ce dernier ainsi que le sien. Les descriptions des scènes de combats dans les tranchées ainsi que celles au sujet des mineurs qui creusent des tunnels afin de permettre des attaques rapprochées sont de vraies brise-coeurs!! Comment toute une génération d'hommes jeunes furent sacrifiés de manière si terrible, si sauvage, avec une férocité sans précédant dans l'histoire de notre humanité guerrière nous y est relaté avec toute l'angoisse et les frustrations que ces hommes éprouvèrent au cours de ces années de folie meutrière. Une époque à garder en mémoire en se disant que plus jamais, en tentant de croire que plus jamais ceci ne sera permis, même si nous savons bien que ça ne prendra qu'une autre forme, aussi léthale, plus sournoise.
Changement de registre, mais dans un mood tout aussi réjouissant, 'The Master of Petersburg' relate une période fictive de la vie de Dostoievski. L'écrivain, en exil en Allemagne afin de fuir ses créanciers, revient en Russie suite à l'annonce de la mort de son fils adoptif. Le roman prend assise sur ce décès, le jeune pourrait avoir été assassiné par le leader d'un groupement révolutionnaire ou encore s'être suicidé. Ici aussi, des états d'âme de novembre profond, des questionnements sans fin sur la moralité, sur les raisons d'être, d'agir des hommes. La vie, la mort, l'entre les deux y sont traités gravement, dans le registre typiquement dostoievskien. La confrontation entre l'ex-révolutionnaire, ayant été emprisonné en Sibérie de nombreuses années, et le jeune terroriste encore plein de morgue est particulièrement fascinante... Il me reste encore quelques chapitres et je crois bien qu'une fois la dernière page tournée, je vais me trouver un bon livre de blagues niaiseuses...
Je ressens un grand besoin de légèreté!!!