Maurice, aka Momo, était un poisson rouge comme tant d’autres. Un peu rond, un peu paresseux, il passait ses journées à flotter entre le château médiéval en fausses pierres et le plongeur en plastique cracheur de bulles planté dans le gravier bleu. Jusqu’au jour où sa vessie natatoire décida de se mettre en grève. Et Maurice se retrouva à dériver comme une feuille d’automne dans le caniveau, le ventre toujours tourné vers le plafond, pauvre tite bête!
Son propriétaire, paniqué, se tourna vers Internet. Et Internet, fidèle à lui-même, lui répondit : « Construisez-lui un fauteuil roulant ! »
Trois vidéos YouTube, deux rouleaux de paillettes autocollantes et une bouée de piscine coupée en morceaux de la grosseur d’un mini chicken nugget plus tard, Maurice se retrouva équipé d’un engin improbable : une sorte de trottinette aquatique miniature. Oui, oui. Des tubes de plastique, un peu de mousse, un harnais flottant, et Momo devint la sensation de l’heure.
Les autres poissons de l’aquarium, eux, n’en revenaient pas. Le guppy s’étouffait de rire, le néon prenait des notes pour TikTok. Maurice, lui, se tenait enfin droit, fier comme un capitaine à la barre de son Pequod miniature.
Bon, ça irritait un peu ses écailles, ça coinçait parfois dans les fausses plantes, et ce n’était pas vraiment recommandé par les vétérinaires. Mais peu importe : Maurice avait trouvé sa gloire.
L’histoire a fait le tour d’Internet. Les images sont irrésistibles : un petit poisson suspendu à son exosquelette aquatique, comme un cosmonaute miniature. Le public s’émeut, partage, commente. Preuve, s’il en fallait, que notre capacité d’inventer ne connaît pas de limite, surtout lorsqu’il s’agit de sauver un animal familier.
Mais voilà : ce n’est pas parce qu’on l’a vu sur Internet que c’est une vérité. Les vétérinaires, eux, restent prudents : ces dispositifs ne sont pas validés, peuvent irriter la peau, provoquer du stress ou des infections. Le bricolage héroïque, aussi attendrissant soit-il, ne remplace pas une véritable prise en charge médicale.
Reste l’image, à la fois comique et touchante, d’un poisson handicapé propulsé au rang de symbole : celui d’une époque prête à inventer n’importe quoi, même à transformer un geste d’amour maladroit en viralité planétaire. Entre compassion sincère et besoin irrépressible de « likes », il n’y a parfois qu’une bulle d’air.
J’ai eu ma rencontre pour la bourse. Ça pourrait passer. Et il n’était pas question de juger la validité du projet comme je le croyais, mais plus simplement de vérifier l’état de la présentation. Mouais. Pour être tout à fait conforme, il faudrait tout détailler dans les moindres nuances, avec références intégrées dans le texte, et boucler ça d’ici le 1er octobre.
Autrement dit : une grosse semaine… en plus de quatre romans à lire de front et de trois articles complémentaires pour mes cours. Je ne vais pas m’y lancer : je n’ai tout simplement plus l’énergie et le peu qui reste sera consacré à mes cours actuels.
Les jeunes poissons du bassin auront sûrement plus de souffle. Moi, je flotte en surface, comme Momo. Mais sans bouée.