C’était la tradition : une semaine avant le mariage, les gars organisent une virée, un grand feu, des bières, des défis idiots. Il faut bien l’enterrer, cette vie de garçon!
Cette fois-là, ils avaient attaché le futur marié à un arbre, badigeonné de miel, pour
« amadouer la vie, appeler le bonheur, la douceur vers lui».
Puis ils étaient repartis, ivres, sûrs de revenir le libérer quelques heures plus tard. Une frousse temporaire, juste pour tester le courage.
Mais la nuit s’est étirée. Ils ont parlés, se sont chamaillés, sont repartis chacun chez soi, un peu fâchés.
Et le sommeil a tout avalé.
Au réveil, tardif, la tête lourde, ils ont compris…
Un silence moite les a suivis jusqu’à la clairière.
Le corps était là, figé dans une pose tordue, les yeux ouverts, gonflés d’épouvante.
Sur sa peau, des milliers de traces minuscules, rouges et dorées.
Personne n’a parlé.
L’un d’eux a vomi.
Le vent faisait bourdonner les feuilles comme une punition.