J’aurais aimé ça, t’écrire à propos de mes cartes tirées du jeu de tarot des Clairvoyantes. Une belle main composée de la Contagion, du Puit et d’un Mouchoir ensanglanté, superbe thématique ouvrant la porte à une énigme bien mystérieuse, un soupçon de frisson et une descente au plus profond de soi, là où l’air manque et où le sang s’affole. Je me sers de ce genre de support quand l’inspiration manque ou que je peine à poursuivre un fil qui pourtant présentait de belles possibilités.
J’aurais aimé ça, t’écrire tous les jours au sujet de mes promenades avec mon chien, souvent le même circuit connu, au bord du fleuve, sa belle rive fluctuante au gré des saisons, son vent affolé des jours de pluie, sa végétation s’épaississant un peu plus chaque jour de beau temps, le temps que tu participes à ma collecte de fonds pour la Société canadienne du Cancer, 50 km au mois de juin (on fait ça les doigts dans le nez, sérieux, c’est tellement rien!) . J’aurais aimé ça t’écrire au sujet de mon cours sur le chamanisme, de ce que ça déconstruit de ma perception occidentale ethnocentrée de ces ailleurs qui se vivent autrement, qui se sentent au centre du tout qu’est notre univers, mais qui est, pour eux un multivers avec des portes d’entrée privilégiées pour chaque monde. J’aurais aimé ça t’écrire, mais je me suis retrouvé au cœur de divers drames de la vie quotidienne.
Il y a eu les problèmes d’anxiété de mon aîné qui en arrache avec la vie ordinaire, elle qui pourtant ne demande qu’à porter celui qui se laissera aller… les problèmes avec ma propre anxiété devant le départ de mon bébé (26 ans, ouin, pas si bébé, je sais) à Taipei pour dix jours, à la suite d’un concours auquel elle a participé lors du Job Fair de McGill, concours dont elle a été l’heureuse élue, bien entendu. De ce que je comprends, l’école qui offre le voyage est en campagne de recrutement, c’est un moyen pour eux de se faire connaître, donc la belle a pour unique consigne de ne rien signer, histoire de ne pas se créer d’obligation d’aucune sorte! Il y a eu aussi mon travail sur l’évolution des recherches sur le chamanisme depuis le XVIIe siècle, les modifications dans les perceptions, les changements de paradigmes dans les approches des chercheurs. Ça m’a demandé plus de temps que prévu, c’est complexe, loin de mes connaissances et ça m’a demandé de fouiller dans les trente-six mille articles et chapitres d’essais en lecture obligatoire depuis le début du cours. Ajoutons à ça la température affligeante du mois de mai, mon anniversaire de naissance, les courses ordinaires… et voilà… je n’ai pas eu le temps d’écrire.
Mais ça y est… ce sont les dernières nouvelles du front, jusqu’aux suivantes qui viendront certainement plus rapidement!