Écriture créative - proposition 251 - L’arbre à poèmes
Un peu tard mais tout de même présent, voici mon Arbre à poèmes
« A la manière du poète écrivain Abdellatif Laâbi, il vous est demandé de dresser dans une liste, un inventaire de vos projets, vos désirs les plus fous ou les plus étranges, le regard que vous portez sur le monde autour de vous. Comme lui, faites appel à votre fantaisie mais aussi à vos blessures, à vos regrets, etc… »
Je n’ai pas pu m’en tenir à cette consigne, les événements en rapport avec l’espoir n’ont été que décevants, horrifiants… et la poésie n’est pas que légère, alors voilà, ce poème ici est le reflet de cela.
Inspiré d’événements récents, des immigrants noyés dans notre grand fleuve, une première, je crois.
J’ai été, comme plusieurs, bouleversée.
Un arbre à poèmes
Un tronc éphémère branchu de bras mous
Tranquilles effluves du fleuve laurentien au loin
Souffrant le froid, soufflant l’âme
Pétrie de loin par des doigts efflanqués
Poèmes de vie
Instinct de mort
Froidure permanente d’un noeud coulant
pour toute écharpe
L’hiver s’échappant au front moite
Où S’abrège le désir
Se dissout la carcasse rougie flanquée de
Petits papiers coinçés entre ses cotes
Chacun glissant un mot sous couvert de droit
Poèmes
De vie
De mort
De cieux lointains
où la vie se vit et ne se survit point
Brûlures au coeur
Moignons aux chevilles tordues, cassées
L’avancée s’achève sur un non lieu
Une porte close
Un Jardin désséché
Boisé désolé d’une coupe à blanc au centre de l’être
Un tronc éphémère à la mèche courte
Taché du sang noirçi de ceux qui ne passeront pas
Poème , le dernier
Trahi par son semblable cravaté de frais
Avalé par le long fleuve débaclé
La vie morte comme il se doit
poème plus jamais
L’arbre porteur dévoré par l’envers de la mer
petits papiers envolés
Dans le vent froid de mars
Prières inutiles dans l’air sombre
D’une nuit noire dont on ne revient pas
Le bucheron d’un seul coup de sa hache
A éteint l’arbre gracile
L’espoir, mort et enterré
