Il arrive qu’un texte ouvre en nous une porte, rouge, bleue, parfois même jaune, qu’on ne savait pas chercher.
Celui de Catherine, publié sur Miettes, m’a happée ainsi. J’ai voulu lui répondre, non par un commentaire, mais par une continuation libre, une dérive dans le même souffle.
Vous lirez d’abord son récit, La porte rouge, la porte un peu bleue (et les sorcières). Et revenez ensuite pour lire le mien, que je publie avec son accord.
Elle s’avance sur le sable froid.
Devant elle, quelque chose se dresse, une dune énorme. En s’approchant elle distingue un corps allongé, incrusté dans la roche. Un géant endormi, couvert de coquillages collés à sa peau. Des milliers de coquilles bruissent, s’ouvrent et se ferment doucement. Inhale, exhale.
Elle tend l’oreille. Dans chaque coquillage, une voix. Certaines répètent les paroles de la nymphe, d’autres scandent comme les sorcières, d’autres encore imitent le rire des animaux perchés dans les arbres et sur les vagues. Mais au milieu de cette cacophonie, Catherine entend la sienne. Sa voix chuchote au loin des mots qu’elle n’a pas encore prononcés.
Le géant bouge à peine, un frémissement colossal qui fait trembler la plage, reculer la mer. L’une des coquilles se détache et roule jusqu’aux pieds de Catherine. Elle l’approche de son oreille : la voix lui murmure un secret qu’elle redoute d’entendre, comme si l’avenir se condensait dans ce souffle marin. Le géant entrouvre les lèvres, et toutes les coquilles chantent d’un seul coup, un chœur abyssal qui couvre le vent et les vagues. Catherine chancelle, serre la boîte blanche au ruban rouge et hésite : doit-elle répondre à cette voix d’elle-même qui la précède, ou la faire taire pour garder la sienne intacte ?
À vous de jouer, peut-être?
La porte est entrouverte. Qui veut passer ?