Décembre à découvert
Quand aucun jour n'est Noël
Cette année, il n’y a pas eu de vrai Noël. J’ai décoré, installé un sapin trop grand. Les lumières étaient là. L’espoir aussi. L’intention, au moins.
Mais Santa ne s’est pas présenté. Pas même une trace de renne, nez rouge ou pas. À la place, Krampus a fait son travail. Et quand je dis Krampus, je parle du vrai, pas du folklore de vitrine, pas la caricature saisonnière touristique.
Le vrai. Le laid. Le râpeux.
Celui qui ne distribue rien, qui ne punit même pas, celui qui constate. Il dresse l’inventaire. Il pointe ce qui cloche, ce qui manque, ce qui fatigue à force de tenir
Il n’est pas arrivé. Il était déjà là, caché dans les coins, dans les placards trop pleins, sous les manteaux qu’on empile pour ne pas regarder ce qu’ils cachent. Il suintait par les fentes du bois, sous les portes, par les trous de serrure.
On le sentait dans la lassitude, dans l’irritation sourde, dans cette fin d’année qui n’a rien voulu adoucir, ni envelopper.
Il attend que tu cesses de faire semblant. Il enlève les ornements, les récits, les justifications. Il ne cherche pas la faute, il attend simplement que cesse l’effort de faire tenir le décor. Il attend que nous cessions de jouer à la fête, de produire du sens, de faire comme si tout cela allait servir à quelque chose. Ce n’est pas une exigence morale, ni une révélation intérieure. C’est un seuil. Quand l’énergie manque pour soutenir la comédie, Krampus est déjà là. Il ne dit rien. Il arrive quand on lâche prise malgré soi.
Pas de bilan. Pas de leçon.
Juste un passage à découvert.
Quelle fin d’année, vraiment. Pas joyeuse mais pas triste non plus. Contrôlée, inspectée, validée par Krampus. On attend que la fin d’année répare quelque chose. Celle-ci ne l’a pas fait, et ce n’est ni triste ni tragique.
Ce Noël n’a rien réparé.
Mais il m’a rappelé une chose : je tiens bon même quand rien ne fonctionne comme prévu.



